Styliste Free-lance

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Sorties

L’Institut Suédois: la bouffée d’air scandinave en plein Paris

Hier, en me baladant dans le Marais, sans trop savoir où j’allais… je suis tombée là-dessus: l’Institut Suédois de Paris, unique à l’internationale. Petite cour pavée, propre et sans prétention d’où émergent quelques tables comme des champignons. J’entre à tâtons découvrir d’où vient le son… Un concert en préparation. Toute émoustillée de pouvoir assister à cet événement sur le coup du hasard, j’investis rapidement les lieux avec curiosité. De ce côté un salon de thé , de l’autre, le début de la visite…

Lieux d’exposition en pôle position, je m’aventure dans les pièces qui y sont dédiées. Photos, peintures, collages, sculptures, installations… tout de suite je suis plongée dans cet univers scandinave, et précisément dans la culture Sami. « Existant depuis des millénaires, le peuple sami est le peuple autochtone de la partie la plus septentrionale de l’Europe. »

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Ici l’environnement est mis à l’honneur par une démarche anthropologique de Joar Nango et Silje Figenschou Thoresende. La récupération d’objets et cartes postales témoignent de leur vision manuelle. Comme une incitation à créer à partir de rien, d’inciter au « home-made » par l’art de cette tradition indigène en perdition. Les composition de Anders Sunna quant à elles, regorgent de technicités savamment orchestrées. De la peinture, des brillances, des collages… le tout ponctué de touches anecdotiques soulignant les tentions entre ce peuple et les autorités provinciales.

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Au delà de cette abstraction lyrique, vient le contraste du réalisme des photos et vidéos exposées. La magie des grandes étendues Suédoises. Comme une grande bouffée d’aire frais. Alors que Katarina Pirak Sikku interroge la notion d’héritage, Liselotte Wajstedt m’en fout plein les yeux avec sa vidéo inspirée du livre d’Ann-Marie LjungbergLe voyage à Kautokeino, faisant allusion aux abus sexuels sur des jeunes filles. Parmi les images, la noble expérience du silence des lieux désertés. Des paysages enneigés à perte de vue, où le personnage doit trouver sa force intérieure pour continuer à avancer. Un moment où rien n’entrave la sérénité transmise.

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Exposition Céline Clanet – Maze

Ravie de cette balade au coeur de l’art contemporain scandinave, j’en repars presque apaisée et ne peut que vous la conseiller. Plus que des rassemblements artistiques, l’Institut Suédois propose également des rencontres littéraires, des débats et séminaires sur des questions de culture et société, des cours de langues, des projections de films, concerts et théâtre.

Comme ça, si vous ne connaissiez pas, vous savez quoi faire la prochaine fois en passant par là.

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Ouvert du mardi au dimanche de 12h à 18h. Entrées libres pour les expositions/ concerts 8€ (pour cette fois-ci en tout cas)

Institut Suédois– 11 rue Payenne, Paris 3ème

Sorties

Anderson nous plonge dans son rêve « The Grand Budapest Hotel »

Wes Anderson frappe encore fort avec son nouveau film, The Grand Budapest Hôtel. Une comédie dramatique britanico-allemande inspirée des mémoires de Stefan Zweig, mêlant histoire et combinaisons burlesques, dans un cadre des plus surprenants.

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Nous sommes en 1968, un jeune auteur en quête d’inspiration dans les Alpes de République soviétique de Zubrowka se retrouve en escale au Grand Budapest Hôtel. Lieux désertés, ambiance morbide, ce vestige n’est plus que l’ombre de l’établissement luxueux qu’il fut. Un constat perturbant, suscitant la curiosité du visiteur, amené à se questionner sur l’identité d’un personnage, seul, qui n’est autre que le propriétaire de l’hôtel, M. Zero Moustafa. Ce dernier l’invite alors à diner pour lui conter son histoire… Remontons en 1932. L’établissement est un palace en ébullition où règne le concierge distingué M.Gustave. Aux petits soins de chaque client, l’homme aux clefs d’or assure le bon fonctionnement de la maison, jusqu’aux désirs les plus intimes de certaines veuves âgées, qu’il fidélise saison après saison. C’est aux côtés de son petit protégé Zero, le « lobby boy », qu’il se retrouve impliqué dans une histoire mêlant le vol d’un tableau de la Renaissance et la bataille pour une énorme fortune familiale, durant l’entre-deux-guerres.

On découvre alors une fable humaniste prônant « l’adoption contre les liens du sang, le métissage contre la pureté de la race, et l’esprit de résistance contre l’apathie. » Le film nous embarque dans une aventure débridée aux rebondissements absurdes. Un foisonnement d’images splendides, se mêlant et s’emmêlant au fil de l’intrigue, s’enchainant malgré tout comme une évidence. Le tout maîtrisé à la perfection par un jeu d’acteurs exceptionnels :

, Mathieu Amalric, Adrian Brody et j’en passe. 

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On est face à une histoire profondément inspirée par le monde de l’enfance, dont le réalisateur raffole pour puiser le plus clair de son imagination. L’harmonie des couleurs nous plonge presque dans une maison de poupée que l’on ne veut plus quitter. Costumes, décors, rythme du montage… tout est pensé pour nous transporter poétiquement dans cette balade visuelle. L’évolution lente de la narration qui soudain s’accélère reste ponctuée par des arrêts sur images. Comme des photos que l’on est frustré de ne pas pouvoir admirer plus longtemps dans le détail.

Wes Anderson nous plonge encore une fois dans son univers, par un théâtre d’images riches d’élégantes fantaisies, et une histoire cadencée comme une partition de musique, mélancolique et hilarante. Dès la dernière image on se retrouve presque en manque de ce monde mystérieux. On n’a qu’une envie : y retourner.

 

Décryptages mode

La tête de poulpe, nouvelle tendance à adopter?!

On l’a vue sur les podiums Chanel et Marc by Marc Jacobs ou encore chez Jacquemus, aujourd’hui c’est dans la rue qu’elle se démocratise. Cette manie de rentrer ses cheveux dans tout ce qui rode autour de notre cou serait-elle devenue la nouvelle manière de se coiffer ? Ou de ne pas se coiffer justement.

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Laisser ses cheveux coincés dans son pull ? « Quelle idée » ! Et bien c’est pourtant peut-être le geste que vous adopterez demain. D’emblée on se demande pourquoi laisser ses pointes nous gratter le haut du dos, puis on se dit que si elles ne sont pas au top de leur forme, finalement, c’est peut-être pas plus mal, pourvu que ce soit tendance. Oh et puis il faut souffrir pour être belle, on vous l’a toujours dit ! Mais plus que ça, si cette nouveauté arrive à faire sa place, les fashionistas les plus aguerries n’auront pas à se faire prier pour suivre le pas. A condition d’avoir les cheveux longs évidemment. Une circonstance qui pourrait en inciter plus d’une à laisser pousser sa tignasse. 

Mais cette nouvelle lubie n’arrive pas là par hasard. Laissez-moi-vous rappeler combien se sont déjà laissé séduire par l’allure négligée entre coupes weavy, vestes de survet et compagnie… Alors si maintenant il suffit de faire comme si on avait à peine eu le temps de libérer ses cheveux de son pull pour avoir du style, pas de problème. « Nan j’ai pas eu le temps ce matin, trop pressée, trop over bookée, laisse tomber ». Ouai je crois que c’est ça qu’il faut répliquer. Bon quoi qu’il en soit, à partir du moment où l’on emboite le pas, on assume. Et on ne s’arrête pas là ! On peut bel et bien décliner l’opération au fil des accessoires : colliers, foulards, écharpes, tout y passe.

Alors si l’idée vous excite, exit les bonnes manières ! Vous savez ce qu’il vous reste à faire.

Décryptages mode

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Envie de rose, de blanc, de vert, de bleu… plein de couleurs acidulées pour égayer notre quotidien. En petites touches de mosaïque pixelisées, voilages délicats et plissés, ou en monochromes opaques, les podiums nous en vendent en voici en voilà… et on en redemande !

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en construction

Sorties

Zeng Fanzhi, la réalité par l’abstraction

Et puisque le retard, c’est un peu comme Neslon (Monfort) en ce moment, je continue sur ma foulée, mais au moins, on ne pourra pas dire que je suis sexiste. Dans mon cahier des charges, il restait encore et toujours ces expos sur Erwin Blumenfeld ou encore Natacha Nisic, au musée du Jeu de Paume, mais aujourd’hui je préfère vous parler de cette belle découverte qu’a été celle de Zeng Fanzhi, au Musée des Arts Modernes de la Ville de Paris. Première rétrospective française de ce peintre chinois, largement reconnu par les collectionneurs comme artiste le plus côté de son pays, on assiste là à l’exposition de plus de 40 toiles et sculptures.

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Entre héritage de sa culture et influences occidentales modernes, Zeng Fanzhi se plait à multiplier les styles et thématiques. Pour cela, il pousse une recherche autant picturale qu’intellectuelle, à travers une technique maîtrisée. Si certaines de ses œuvres rappellent des souvenirs de jeunesse, les images du passé politique Chinois passant par les réminiscences du Pop Art nous plongent dans une abstraction des plus sombres.

L’exposition allant de ses toiles les plus récentes vers les premières réalisées à sa sortie des beaux arts, nous sommes tentés de commencer par la fin. La série des hôpitaux remontant à 1991 nous emmène progressivement vers des triptyques narratifs et expressionnistes. Ayant vécu quelques années à proximité d’un hôpital, considéré comme unique lieu de toilette quotidienne, ce sujet est arrivé comme une évidence. Après avoir observé les hommes s’allonger sur des quartiers de viande congelés lors des périodes de canicules, l’artiste fut inspiré par ce mélange de carnations évoquant une atmosphère angoissante et hallucinée. 

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S’ensuivra une série de masques, relatant son isolement paradoxal au sein de Pékin. Une analyse démontrant que « personne ne peut vivre sans masque » et à travers laquelle on ressent tout le désarroi de l’artiste durant cette période d’exclusion communautaire. Sur l’ensemble des toiles, on retrouve des signes distinctifs tels que les fonds colorés unis ou paysages schématiques, les yeux aux pupilles en croix, les foulards rouges communistes…Autour des années 2000, Zeng Fanzhi élargis son champs d’investigation en abordant l’individu et la masse. Il reprend notamment la Cène de Leonard de Vinci telle l’idéogramme abstrait d’une réunion communiste.

Bien souvent, l’artiste rappellera que « la forme choisie n’a pas d’importance ».  C’est entre lianes et branches proliférantes qu’évoluent ainsi ses rares personnages teintés d’un réalisme inquiétant. Chaque ligne semble dotée d’une vie propre, courir sur la toile et contaminer les figures par la multiplication des couches. Les développements les plus récents de Zeng Fanzhi sont marqués par l’importance de leurs formats. L’expressionnisme abstrait domine ses peintures travaillées comme une balade entre deux pinceaux, à la fois libres et dirigés. En découlent alors des paysages imaginaires, souvent peuplés d’animaux disproportionnés, comme ce Lièvre, clairement empreinté au grand Albrecht Durer.

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Concrètement, « la confrontation de ces toiles laisse le spectateur seul face à une infinité, comme une étreinte dans le monde intérieur de l’artiste. » Une découverte surprenante sur la capacité d’évolution du style au fil de sa vie. Une balade entre réalisme poétique et abstraction poignante. 

 

Sorties

Dallas Buyers Club: le cow-boy aux rênes de sa vie

Depuis quelques jours, voir quelques semaines déjà, Dallas Buyers Club a fait sa grande entrée dans nos cinés. Et Jean Marc Vallée, le réalisateur, savait qu’en réunissant le duo de choc McConaughey et Leto pour cette histoire vraie dramatique, il nous ferait frissonner.

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L’histoire ? Arf, juste le combat d’un homme contre le sida durant les années 80. Ce scénario tragiquement basic durant une période où l’impuissance est de mise face à la maladie.

Chapeau corné, santiags aux pieds, démarche assurée, Ron Woodroof est ce cow-boy macho voguant de fille en fille, entre came, magouilles et rodéo. Lorsque la nouvelle lui tombe sur le dos, c’est d’abord l’incompréhension. Pourquoi lui alors qu’il n’est pas gay ? Puis la consternation. « Rien ne peut tuer Ron Woodroof en 30 jours » !

Mais au fil des recherches, il comprend. A défaut de son entourage et du reste de la population. Nous sommes en 1986, le virus aligne les morts par milliers et les homosexuels sont montrés du doigt. « Lui, il vivra, paria parmi les parias puisqu’il le faut », et s’engagera dans la lutte contre tous les traitements encore à l’essai.

Face à l’inefficacité de l’AZT, il dégote des remèdes alternatifs au Mexique et développe un business de contrebande. En fondant le Dallas Buyers Club aux côtés d’un transsexuel attachant, il rallie les gays à sa cause.

On suit évidemment avec empathie ce parcours détonnant, face au cynisme des autorités médicales et laboratoires pharmaceutiques. Une histoire engagée politiquement qui s’avère didactique et efficace. La mise en scène est rythmée et pertinente, pour une interprétation qui sort des sentiers battus. Même si l’intrigue s’essouffle par moment, cause d’un scénario qui reste encore sage sur le sujet, l’émotion nous tient jusqu’au bout.

Et les acteurs y sont pour beaucoup ! Matthew McConaughey nous livre une prestation époustouflante aux côtés de Jared Leto, qui auraient tendance à effacer la présence des autres personnages, comme celui de Jennifer Garner. Le duo principal nous touche par sa sincérité et reste remarquablement sensibilisant sur le sujet.

Une belle leçon de vie dont témoigne simplement sa réplique: « J’ai l’impression de me battre pour une vie qui m’échappe ».

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« Vallée, qui a tourné caméra à l’épaule, rappelle que la réalité est plus forte que la fiction. » Le Figaroscope 

Décryptages mode

La femme Dior 2014, légère comme une plume

Fraiche, pure, naturelle… c’est une allure légère et fleurie qui se dégage de la collection Haute Couture Printemps-Eté 2014 de Raf Simons, directeur artistique de la maison Dior.

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Presque en apesanteur, les silhouettes vagabondent comme des pistils qui s’envolent au vent. Évoluant au rythme de l’électro au cœur d’une caverne immaculée, la démarche se veut céleste et désinvolte.

En cette saison, Raf Simons nous offre une réelle révolution des formes entre complexité de construction et finesse dans le détail. La sensualité de la femme Dior se retrouve inéluctablement exaltée au travers d’un jeu de transparence de voilages vaporeux, se chevauchant à fleur de peau. Un millefeuille d’organzas de soie ou de cotons fluides, voguant entre superposition de plis et de panneaux asymétriques. L’ensemble paraît flotter.

Au fil des mouvements, les pièces over size se gonflent de légèreté et dévoilent avec délicatesse les détails précieux des dessous. Les ajourés révèlent alors la fragilité végétale, ponctuée par la subtilité des touches d’éclats des sequins. Un pointillisme pétillant au sein de pièces, parsemés de pétales de soie rebrodés. Emergeants de toute part, les motifs alternent entre impressions et travail sculptural de bas relief.

A la fois lâches et structurés, les volumes naissent de basques ou de manches ballon, suivant, et amplifiant les courbes du corps comme des corolles. Les modèles se confondent entre parachutes de noce, et robes à la Watteau. Retombant en lourds drapés, les godets contrastent avec la légèreté aérienne des pièces ajourées.

En vraie princesse actuelle, romantique et insouciante, la femme Dior s’affirme en robes du soir et baskets brodées de sequins. Au summum du chic en combinaisons ou pantalons coupes droites, les formes nettes répondent aux volumes rocambolesques. Du côté de la couleur, la pureté des blancs s’oppose à la profondeur des noirs. Le tout ponctué de notes irisées, or, argentée, roses ou mauves.

Furtive, la silhouette Dior printemps-été 2014 émane de valeurs florales intrinsèques et sait rebondir sur des coupes franches et géométriques innovantes. Une sensualité à la pointe de la modernité.

 

Société

Thigh gap: expression d’une société codifiée ?

A chaque période sa nouvelle mode. Depuis quelques mois, la France a vu arriver tout droit des Etats-Unis la tendance du Thigh Gap, cette obsession des adolescentes à obtenir un écart entre les cuisses, jambes fermées. Considéré comme un nouveau critère de beauté, dans la lignée des clavicules apparentes et des troubles alimentaires liés à l’anorexie, ce phénomène a connu un réel buzz médiatique suite à sa diffusion colossale sur la toile. Ce trouble de l’apparence existait pourtant déjà auparavant à travers diverses formes. Alors pourquoi a-t-il fait son apparition cette année ? Est-ce un phénomène de mode anecdotique ou un véritable danger lié à l’anorexie ?

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Gloire à la maladie

Au sein d’une société où l’on ne cesse de se référer à des critères de beauté relatifs à la minceur, l’adolescente d’aujourd’hui se trouve indéniablement influencée par les icônes du système. Plus que l’idéalisation de la minceur, ce qui triomphe actuellement est le modèle de la femme dénuée de féminité. Et si en ce sens, le Thigh Gap s’apparente au système de l’anorexie, il s’en distingue pourtant sur bien des points.

Ce qui est inquiétant ici, c’est justement qu’il serai une forme de glorification de cette maladie, pour le moins aliénante. Selon le psychiatre-psychanalyste Alain Meunier, spécialisé dans l’anorexie, l’éventualité qu’un tel phénomène puisse mener à la maladie est catégoriquement éloignée en vue des origines plus profondes de celle-ci. L’anorexie mentale traduit littéralement le besoin de contrôle d’une adolescente sur son corps suite à un événement difficile survenu dans sa vie, engendrant une anesthésie de sa souffrance par le jeûne. A l’inverse, pour le psychiatre, le Thigh gap serai davantage considéré comme une forme d’expression de l’adolescence confrontant les jeunes filles au changement de leurs corps et à la quête de leur identité. Il s’apparente aux rituels de vérifications liés à l’anorexie, comme le sont le contrôle de la taille des poignets ou encore des poignées d’amour.

Ce besoin de maîtrise du corps de l’adolescente serai également lié à la dysmorphophobie, nous explique Fazia Khanifi, diététicienne-nutritionniste d’anorexiques. Cette peur d’être laid illustre accessoirement la volonté des jeunes filles à avoir une taille filiforme mais témoigne surtout d’un refus de grandir. En obtenant un Thigh Gap le plus marqué possible, elles gomment inconsciemment leur sexe, soit leur féminité, si difficile à assumer. Ce principe de désexualisation correspond complètement au paradoxe de l’adolescence, période complexe où l’on rêve à la fois de s’émanciper tout en redoutant d’entrer dans l’âge adulte, emplis d’incertitudes. Ainsi, les adolescentes adoptent un système de manifestation conscient et externe lié à l’expression esthétique de leur corps alors que les anorexiques, elles, exposent un mal-être intérieur sans se rendre compte de leur maigreur, souligne le psychiatre.

Un mimétisme rassurant

Si ce contrôle du corps reste étroitement lié à l’anorexie, il s’en détache néanmoins dans sa forme d’expression. Le Thigh Gap serai la conséquence médiatique plutôt que la cause médicale du problème. Aujourd’hui, la diffusion de l’information et sa consommation se sont radicalement développé à travers internet, permettant la propagation rapide de buzz ponctuels, tels que le Thigh Gap. Mais les courants de mode ont toujours existé. Les comportements mimétiques seraient inévitables en vue de la constante observation et comparaison des hommes entre eux. Chacun se construit d’après des modèles de valeurs physiques et mentales. Le médecin pointe ainsi la « pathomimie » soit l’imitation d’une population malade, comme ligament entre le Thigh Gap et l’anorexie. Cette pathologie aurai notamment été observée chez des femmes au 19ème siècle, souhaitant ressembler aux bourgeoises atteintes de tuberculose, pour leurs symptômes de beauté. Selon lui, les gens ont toujours suivi les comportements des personnages forts de leur temps. Il évoque précisément que la mode aurai changé à partir de Sissi l’Impératrice, première anorexique reconnue, amenant avec elle la tendance de la minceur. Les critères de ce canon de beauté se sont transmis jusqu’aux personnages iconiques d’aujourd’hui, toujours à la tête des tendances. Ainsi, les stars anorexiques actuelles telles que Cara Delevingne, Lady Gaga ou encore Nicole Richie influencent nombre de jeunes filles en quête de minceur, et de Thigh Gap ! Les adolescentes trouvent en ces personnalités un exemple à suivre au sein d’une période qui leur est difficile et où elles se retrouvent perdues face aux changements de leurs corps. Se rattacher à des modèles les rassures et les aides à se fondre dans la masse sans être confrontées à la réalité de leur évolution. A contrario, notons que l’anorexie n’est jamais une imitation de quelqu’un, insiste le psychiatre. Ce mal-être intérieur est personnel.

L’encouragement social

 Et s’il peut être intime, leur trouble éprouve néanmoins le besoin de s’exprimer. Ce sentiment d’appartenance à une communauté, de nos jours, les anorexiques le retrouvent facilement à travers les réseaux sociaux. Elles peuvent enfin communiquer sans contraintes sur leurs fonctionnements et partager leurs habitudes entres-elles. Fazia Khanifi nous rappelle que les anorexiques, souvent en manque d’amour, recherchent cette entraide pour se rassurer.

Le rôle de ces groupes est souvent remis en question lorsque l’on aborde le problème du Thigh Gap. A travers tous ces modes d’emplois de l’anorexie parfaite, les adolescentes adulant ces personnages « malades » ne peuvent que mieux leur ressembler. Prenant exemple jusqu’à s’identifier totalement aux anorexiques, ces jeunes filles vont alors développer les mêmes obsessions et se fondre dans la masse de leurs réseaux sociaux. Encouragées par les « likes », « partages » et « commentaires », elles ne cessent de mettre en comparaison leur évolution par des images témoignant de leur course à la minceur.

Si aujourd’hui le Thigh gap fait autant le buzz alors que tout existait déjà avant, c’est bel et bien du fait que ces réseaux de partages se sont grandement développés ces dernières années. Ils agissent comme des metteurs en scène de cette glorification de l’anorexie, amplifiant le phénomène de mode sans se rendre compte de la puissance de leur impact sur les jeunes filles.

Dans une société où la maigreur est devenue un critère social, les adolescentes sont souvent influencées et conditionnées par des codes de minceurs suggérés par les modèles auxquelles elles se rattachent. L’évolution des nouvelles technologies et notamment des réseaux sociaux n’est qu’un facteur de plus, facilitant les échanges et le déploiement de dérives telles que le Thigh gap. Ce qui à la base ne correspond qu’à un phénomène de mode insignifiant peut ainsi déboucher sur des conséquences bien plus graves. Il est d’ailleurs nécessaire d’apporter une grande vigilance à l’installation des rituels dans de telles situations, met en garde Alain Meunier. Mais comme toutes les modes, elle passera, assure le médecin ; et deviendra tristement une autre.

Sorties

YSL: De l’innocence à la débauche

Mercredi 8 janvier: sortie du biopic sur Saint Laurent. Un retour sur cinquante ans de création fort attendu…

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Impatiente. Comme une pile électrique sur son siège de cinéma.

J’attendais sa sortie depuis quatre mois déjà. Et voilà qu’il se présente à nous sur le grand écran. Le grand Yves Saint Laurent. Une balade au fil de sa vie au niveau de l’élégance du créateur. Une once de déception quant à l’image grandiose que je me faisais d’une telle histoire. Mais les acteurs sauvent la mise. Pierre Niney et Guillaume Gallienne sont époustouflants dans leurs rôles respectifs tant ils tiennent à la réalité. Leur histoire d’amour génère une vive émotion entre déchirement et pérennité. Une implication de Pierre Bergé que je n’avais -personnellement- jamais imaginé si forte dans le parcours du créateur.

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Le film revient avec délicatesse sur les prouesses artistiques d’Yves Saint Laurent, de ses débuts chez Dior à son accomplissement personnel. On retrouve sa patte subversive dans des coupes déstructurées et androgynes, libérant la femme des contraintes. Au delà de ça, le biopic nous livre les facettes les plus sombres de son existence, entre abus et tourments.

Une sincérité en proie à des images somptueuses, défilant telles des bribes d’inspirations poétiques.

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Sorties

Depardon, à la recherche de la couleur

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Un éclat de couleur embaume la pièce lorsque l’on entre dans l’univers de Raymond Depardon, photographe, réalisateur, journaliste et scénariste Français. C’est l’hommage rendu à l’artiste par le Grand Palais avec l’exposition « Un moment si doux« , jusqu’au 10 février.

Empreints de douceur et de subtilité, ses clichés relatent l’ensemble de ses voyages entre grands espaces, et solitude des villes. Dans chaque image, une émotion, une revendication se dégage. On découvre alors l’approche sincère et délicate du photographe envers les cultures étrangères à travers des portraits ou des situations poignantes. Nombre de natures mortes ou paysages insolites sont représentés, toujours ponctués de notes colorées et contrastées qu’il cherche à mettre en évidence.

Sommes toute, la recherche de ce dont on n’aurait pas fait attention au premier regard. La touche de vie et de joie dans les atmosphères les plus angoissantes. Techniquement, les lignes lumineuses créent une continuité dynamique à l’image, une lecture pondérée dans les profondeur de champs.

Jolie -mais trop courte- balade au fil des touches colorées. A partager!

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