Styliste Free-lance

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Décryptages mode

Babooshka babouche, le désir de l’été

On veut du soleil, du rosé et des barbecs… en ce moment oui on veut s’habiller léger, et simplement enfiler une paire de babouches. Aujourd’hui je vous invite à vous évader un peu en pensant aux bijoux que l’on aura aux pieds cet été.

A la frontière entre le mocassin et la claquette, la mule 2016 sort tout droit des entrailles de la plus originelle des chaussures : la babouche ! Vue sous forme de Gucci fourrées à tous les pieds cet hiver, elle est le must have à la fois chic et sexy qui va nous convaincre pour les beaux jours. Car la relève ne s’est pas fait attendre sur les podiums printemps-été entre Céline, Acne Studios, Chanel ou A.P.C qui nous fournissent un beau panel de modèles ultra basiques afin de l’adopter à volonté.

A enfiler comme un gant, ou plutôt comme une pantoufle, la babouche représente la simplicité que l’on recherche par ces temps. Elle confère une allure loose juste comme il faut, entre nonchalance de la dégaine et finesse du pied nu souligné. Aujourd’hui, pour rendre notre conquête encore plus accessible, nos marques préférées s’y sont mises, avec toute la diversité que l’on recherchait. En version mocassin chez Jonak, Pierre Hardy ou Zara, ou plus sportswear chez Vans et Sarenza, je vous ai préparé une sélection des modèles sur lesquels on peut craquer dès maintenant.

Pour les plus aventurières qu’on se l’avoue, il suffira de découper l’arrière de vos anciens mocassins ou d’enfiler vos chaussures à la va-vite et le tour sera joué !

A vos mules, prêtes…

moscow mules CLEMENCE GUILLERM

1. Zara, 49,95€; 2. Jonak, 99€; 3. Alberto Zago sur Zalando, 160€; 4. Vans, 54€; 5. Asos, 63,99€; 6. Gucci, 891€; 7. Robert Clergerie sur Net-à-Porter, 350€; 8. Swear Blake sur Sarenza, 220€; 9. Narciso Rodriguez sur The Outnet, 159€; 10. Topshop, 110€; 11.Park Lane sur Asos, 45,49€; 12. Pierre Hardy, 450€.

Les silhouettes de gauche à droite : A.P.C; Chanel, Céline; Acne Studios

 

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Ma sélection de tendances pour s’inspirer l’été prochain !

Les soldes d’hiver justes terminés, on peut enfin se concentrer sur les lignes printemps été ! Bail bail la grisaille, permettons-nous de rêver en pensant aux beaux jours qui nous attendent… Et pour faire les bons choix shopping parmi la nouveauté, rien de tel que de s’inspirer des derniers défilés. Allez je vous aide, voici ma sélection décryptée des créateurs phares de la saison !

En 2016, on sera séductrices ! Séductrices romantiques, aventurières, ou sportswears, qu’importe, l’été nous attend fatales et surprenantes. On aime s’y prendre au saut du lit, la lingerie sans dessus-dessous, dans ses soies écrues dentellisées, chez Balenciaga, Céline ou Givenchy. On se joue du romantisme avec des froufrous savamment maitrisés chez McQueen & JW Anderson tandis que les transparences vaporeuses vont bon train chez Dior, Boss, et Rochas.

Plutôt bohème chez Philosophy & Alberta Ferreti, on aime la fraicheur du blanc mixé à l’ethnicité des imprimés. Un style africano que l’on retrouve beaucoup chez Valentino avec ses broderies, franges et plastrons en tous genres. Plus frais encore, Coach et ses mixes d’imprimés liberty ou encore Tory Burch & Blumarine et leurs maxi fleurs brodées sur des rayures layettes : on adore !

Pastels ou blancs de blancs, on garde un style résolument décontracté pour l’été. Façon nouages négligés chez Joseph et Jacquemus, ou façon lanières sanglées chez Balenciaga, Blumarine ou encore Chloé, chez qui on découvre un style bohème sportswear encore jamais vu! Ici et ailleurs (chez Elie Saab également), le jogging pyjama se borde de bandes verticales ultra-chic. Un must have à saisir dès maintenant!

1Rochas, Dior,  Alexander McQueen

2 Blumarine, Coach 1941, Philosophy di Lorenzo Serafini

3Chloé, Joseph, Jacquemus

4Proenza Schouler, Kenzo, Rag & Bone

Être sportswear tout en restant sexy, là est la tangente de cette saison ! Et le point de ralliement le plus évident que l’on y trouve : la résille. Ultra fine chez Maison Margiela, brute chez Vuitton ou plus douce en maille perforée chez Rykiel, Rag &Bone ou Alexander Wang, on en veut sous toutes les coutures ! Et on n’hésite pas à montrer ses épaules, comme sur les silhouettes maillesques de Kenzo & Proenza Schouler.

Pour finir ? De la fête bien sûr. Des paillettes, des couleurs, des imprimés arty… en bref on veut du rire et des sourires. Chez Marc Jacobs, on joue la carte du bleu blanc rouge clownesque, à l’américaine, avec des étoiles largement reines des podiums. Chez Lacoste, Giamba ou Max Mara. Tandis que les motifs psychédéliques et optiques de Dries Van Noten nous font de l’œil en mode seventies, les silhouettes preppy sixties gardent leur place sur le terrain des italiens Miu Miu, Prada. Entres transparences babydoll et imprimés cocasses, chez Gucci on arrive à un combo parfait de l’esprit rétro joyeux de 2016. Le tout sur fond de lurex et paillettes que l’on retrouve également chez Isabel Marant, Rykiel ou Saint Laurent. De quoi mettre en lumière les looks d’été les plus stylés.

5Sonia Rykiel, Marc Jacobs, Dries Van Noten Gucci

Vous l’aurez compris, en 2016 on dénude le corps, on souligne les formes, façon sporty-chic ou bohème zélé, mais surtout on la joue détente en tout-large avec des détails bien pensés. On n’attends plus que les beaux jours pour fêter ça !

 

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Défilé Akris, ou le songe d’une nuit d’été

Une Fashion Week parisienne bien lancée et quelques défilés gentillets abordés… voici venu le moment tant attendu d’être invitée parmi les grands : au défilé Akris qui se déroulait ce jour au Grand Palais. Et oui, pour moi ce n’est pas (encore) tous les jours qu’on me propose de voir de si jolies choses, alors je partage !

Malgré avoir compris qu’un défilé ne commençait jamais à l’heure, c’est avec respect que je me suis présentée (avec mes dix minutes de retard habituelles quand même) face à cette grande installation blanche parsemée de fleurs qui faisait office d’entrée royale pour les silhouettes ss16 de Monsieur Kriemler. Imposant mais frais, on sentait déjà l’été dans cette salle magistrale où la foule commençait à s’entasser.

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Une fois lancée, la musique teintée de harpe et de flute de pan nous embarque dans un club de vacances rétro prisé de la côte azuréenne. On imagine ces muses déferler au ralentis au bord d’une piscine paradisiaque, arborant leur élégance en toute simplicité. Ajourées aléatoirement, les pièces arachnéennes oscillent entre popelines immaculées et mailles noires et bleus marines profondes –ou l’alliance parfaite du chic. Ce qui retient mon attention en premier lieu : ce combo bandeau x lunettes mini ovales de nos belles années 90… (presque celles que l’on se fout sur les yeux pour aller bronzer dans une boite!) ou le bon détail à faire renaitre l’été prochain. A chaque look se décline les teintes des verres miroir, évidemment, laissant planer un peu plus le mystère sur ces silhouettes mirage. Mi-mondaine, mi-James Bond Girl, la femme Akris perdure dans l’épure de ses coupes géométriques mixées à la souplesse de ses matières sportswear. Superpositions de shorts x demi-jupes plissées, ensembles bermudas-chemises coordonnés, saupoudrés de parkas élastiquées, de sacs bananes et de baskets crantées… de ce contraste permanent naît une féminité assurée où la deuxième partie de l’histoire nous emmène dans les irisés et des vinyles structurés, tant adorés !… prêts à quitter la douceur d’une journée d’été pour une nuit endiablée.

Merci Monsieur Akris, ça m’a foutu des frissons.

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Les 5 shoes indispensables de l’été 2015

Quelle belle occasion que l’approche des soldes d’été pour vous retrouver et faire le point sur les tendances à ne pas louper ! Cette semaine, j’ai décidé de faire un récap’ par jour des souliers qui feront le bonheur de vos pieds en cette saison estivale.

1. Les sabots pour les champêtres

Et on commence tout de suite par les sabots ! Nombreux à avoir été vu sur les défilés Prada ou Miu Miu, ils arrivent désormais dans nos boutiques à moindre coût. Longtemps emprunts de traditions rustiques, ils gardent leur caractère brut grâce à une épaisse semelle de bois et des clous bien plantés, mais se modernisent grâce à de multiples styles de brides. Croisées, tressées, colorées, irisées… elles déterminent ainsi des allures bohèmes ou plus glamour et s’adaptent à nos quotidiens urbains. On les portes volontiers en version seventies avec un jean flare et une blouse romantique ou encore avec une robe printanière. Le plus ? Oser les porter avec une paire de chaussettes douillettes, pour les soirs d’été un peu plus frais. Le don’t ? Personnellement, je fais l’impasse sur les sabots classiques à bouts fermés qui n’avantagent pas la silhouette avec leur couture centrale peu esthétique. En revanche, si l’on veut garder un peu d’authenticité, cap sur les sabots mules : must have de l’été! Les modèles sont si variés que quoi qu’il en soit, il est facile de trouver son bonheur. Voici ma sélection pour aujourd’hui.

Mais on se retrouve demain pour découvrir la suite des paires incontournables de la saison avec un nouveau zoom sur des bijoux qui ne quitteront plus vos pieds…

collage sabot fini

De haut en bas, de gauche à droite : Eden 65 €, Swedish Hasbeens 199 €, Jonak 85 €, Texto 59 €, San Marina 59 €, Topshop 72 €.

2. Les claquettes pour les midinettes

Quoi de mieux qu’une paire de claquettes, chic et pratiques, pour déambuler autour de la piscine cet été ? Minimalistes et épurées avec leur unique bride à l’avant, elles n’ont plus qu’à faire claque claque pour avertir la galerie de votre arrivée. Largement inspirées des claquettes en plastiques de notre bon vieux maître-nageur, José pour les intimes, ce modèle a fait le grand plongeons dans le milieu de la mode grâce à la collection La Piscine, de Jacquemus en 2013. Depuis, on assiste à un réel engouement pour l’univers rétro du grand bain avec des collections sport-chic aux maillots une pièce zippés, marinières en grosse maille, access’ en cordages et, on y vient, claquettes en plastique de rigueur. Aujourd’hui, pour jouer l’alternative, rien de tel que de miser sur des paires plus fantaisies et sophistiquées en cuir, en toile, et même ornées de cabochons. On les portes avec un jean droit légèrement retroussé et une chemise blanche plus stricte pour le tous-les-jours, ou même avec une robe de type portefeuille pour plus de féminité. Convaincues par ces nouvelles recrues ? Avec ça au bout des pieds, vous ferez un sans-faute. A une condition près : on prend garde à ne pas trainer des pieds en empruntant une démarche assurée. Parce que tout est là. Alors on saute le pas 😉 A demain pour découvrir le 3em modèle de mon palmarès. collage_claquettes

De haut en bas, de gauche à droite : Mellow Yellow 69 €, Monoprix 24,99€, Asos 32,99 €, Birkenstock 74,99 €, Topshop 68 €, Mango 59,99 €, Tory Burch sur TheOutnet.com 128 €, J.Crew 205 €.

3. Les espadrilles pour les puristes

Parce qu’il n’y a pas que des nu-pieds à porter en été, aujourd’hui on met le cap sur les mythiques espadrilles ! Si ces « sandales fermées » originaires du Pays Basque remontent à près de 4000 ans, on peut dire qu’elles restent à la pointe de la mode encore actuellement. Vues sur les défilés Dior, Chanel, ou encore Dolce & Gabbana, les chaussures en toile se réinventent en alliant la rusticité de leur semelle en corde tressée à des ornementations glamour des plus surprenantes. Daim, cuir, velours, façon croco, ou rebrodées de sequins… on adore leur version urbaine-luxe rehaussée d’une large semelle à plateforme et de lacets, à la limite des slip-on et des tennis tradi, le tout en gagnant quelques centimètres. Chic et pratiques, elles gardent leur confort pour s’adapter à un univers plus sophistiqué, loin des coquillages et crustacés. La basket chic étant devenue un incontournable de notre quotidien, on peut dire que l’espadrille de cet année s’adapte très bien à toutes les situations, tel que pour aller au bureau avec un jean près du corps et une veste plus structurée pour contraster. Autrement, on n’hésite pas à les porter négligemment sous une robe chemise façon blouse loose décontractée. Le must ? Les enfiler à la « va-vite » en écrasant le talon tel des mules que l’on aurait enfilé trop vite (à appliquer d’avantage avec des espadrilles basses pour éviter de supporter la lourdeur de la plateforme). Intemporel de chaque été, on en trouve aussi à trois sous en bord de plage à customiser à sa guise (à voir dans un prochain épisode), alors no panic si elles ne répondent pas encore à l’appel, je suis sûre que vous succomberez. En attendant, on se retrouve demain pour continuer notre inventaire des incontournables à shopper pendant les soldes d’été!

espadrilles_collage_clemence_guillermDe haut en bas, de gauche à droite : Chiara Ferragni 195 €, Topshop 124 €,  Zara 49,95 €,  Asos 24,99 €, Mango 49,99€, Pull & Bear 35,99 €, Texto 39 €, Dolce & Gabbana 435 € (à fleurs), Monoprix 39,99 € (naturelles).

4. Les kitten-heels pour les rétro-chic

C’est vendredi, vous songez déjà aux soirées du week-end mais ne savez pas quoi mettre à vos pieds pour tenir toute la nuit… ? Pas de panique, la mode sait aussi satisfaire nos besoins de confort, et ça tombe bien, puisque cette année, on adore les talons babies. Que ce soit sur le dernier défilé Dior ou dans nos boutiques, rien n’échappe à cette dernière tendance qui s’exprime par une large gamme de sandales aux talons tous mini petits. Si à la base, les « kitten heels » d’Audrey Hepburn s’apparentaient à un talon aiguille mesurant entre 3,5 et 5 centimètres, aujourd’hui ils ont su se réinventer en devenant bien plus large, gage de confort et de stabilité bien sûr. Carrés, ronds, mais surtout ornés de strass ou de cabochons… les modèles appelés sont loin de figurer dans la garde-robe de Mamie, alors on saute le pas pour une allure rétro très midinette. Avec, par exemple, on joue le jean boyfriend plutôt loose avec un polo qui va contraster avec le style chic, ou au contraire une robe moulante mais très basique qui prolongera la silhouette féminine tout en sobriété. Pas d’erreur en pariant sur une pièce telle que celle-ci qui saura bien soulager vos pieds en cas d’événements raffinés à honorer. Notre top 5 touche à sa fin, mais il reste encore demain pour ponctuer la semaine d’un modèle des plus symboliques ! kitten_heels_collage

De haut en bas de gauche à droite : Dune 106,99 €, Mango 49,99 €, Asos 40,99 €, Michael Michael Kors sur TheOutnet.com 70 €, Forever21 22€, Zara 49,95 €, Eden 85 €.

5. Les spartiates, pour les guerrières

Pour finir en beauté, j’ai choisi de me consacrer à LA sandale de l’été : la spartiate ! Vue sur les défilés Chloé, Valentino, Isabel Marant et bien d’autres, on peut dire que c’est l’immanquable de la saison. Et son succès ne date pas d’hier si l’on en croit les premières formes de chaussures semblables à celles-ci dans l’antiquité. Pour l’anecdote, ce n’était même pas les Spartiates qui portaient ces chaussures puisqu’ils se déplaçaient majoritairement pieds-nus, mais les Romains, qui ont donc contribué à leur démocratisation. Pour les combats de gladiateurs, on y retrouvait donc souvent des plaques métalliques servant de protection savamment harnachés, mais pour la vie de tous les jours les modèles étaient plus rudimentaires, simplement lacés de lanières de cuir. Aujourd’hui, c’est presque la même chose. Lanières fines à entrelacer, sangles à boucler, bandes à zipper… les modèles sont aussi variés dans leurs systèmes de fermetures que dans leur forme, plus ou moins haute. Selon les morphologies, mais surtout les envies, on choisit une spartiate proportionnelle à sa longueur de jambe et on l’adapte à sa tenue. Les hautes se porteront volontiers avec une robe courte (quoi que les fashionistas aguerris n’auront pas peur de tenter le chevauchement avec une jupe midi), les mi- hautes se porteront plutôt avec un short et une blouse romantique en mode bohème aventurière, tandis que les basses pourront se porter avec un pantalon. Globalement faciles à accommoder, on fait toutefois attention en les choisissant de prendre une fermeture pratique. Pour le modèle haut par exemple, la fermeture éclair à l’arrière serait un plus, ainsi que pour les lanières à entrelacer soi-même, attention à la chute des ficelles au moment de marcher ! Aussi, on ne lésine pas sur la crème solaire si l’on s’expose. Bronzage zébré rédhibitoire. Mais je suis sûr que vous serez des guerrières à la hauteur de vos nouveaux gadgets !

J’espère que cette semaine riche en chaussures vous aura convaincues et que vous vous sentez désormais parées pour affronter l’été avec style –en passant par la case soldes 😉 A très vite pour de nouveaux conseils mode. Lovespartiatescollage_clemence_guillerm De gauche à droite, de bas en haut : Ancient Greek Sandals 225 €, Zara 59,95 €, Forever21 26 €, Ash 165 €, Mellow Yellow 119 €, JustFab 39,95 €, River Island 115,99 €, KJacques 395 €, Jonak 52 €.

 

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Tendances automne-hiver 2015 2016 : l’avant première

L’été n’a pas encore commencé que l’on nous parle déjà de l’hiver prochain. Mais puisque la Fashion Week parisienne vient de se clôturer, c’est l’occasion pour moi de faire le bilan des pépites que l’on a pu dénicher parmi les collections prêt-à-porter. Esprit seventies, passementeries militaires, froufrous glamour… A adopter avec un temps d’avance sans modération.

L’année est à la rigueur officielle ! Et c’est peu dire lorsque l’on voit l’influence militaire qui se dégage de l’ensemble des défilés. Passementeries, rangées de boutons, références patriotiques… l’uniforme prend du galon ! On le retrouve dans des ensembles marine structurés chez Nina Ricci, des manteaux bordés de boutons ronds métalliques chez Chloé, ou encore des pantalons officier chez Lanvin. La Maison explore d’ailleurs divers aspects du sujet avec une multitude de cordages, pompons, et empiècements de cuirs en guise de protection. Du côté des nouveautés, on découvre la réinterprétation de la veste sergent pepper de Valentino, avec un poncho structuré, largement teinté de ses inspirations ethniques. Un l’aura compris, l’importance est donnée aux détails symboliques du milieu militaire, et notamment aux boutons. Une influence toute droite venue des costumes marins annonçant le grand retour du pantalon à pont (savamment traduit taille haute dans les looks d’Isabel Marant) !

1Lanvin, Valentino, Elie Saab2Chloé, Isabel Marant, Nina Ricci

Une inspiration des codes à la française autrement exploitée par Chanel. Ici, on approche l’uniforme, de sa forme brute, à la symbolique du garçon de café parisien. Karl Lagerfeld entretien le tailleur tweed et ses perles historiques tout en nous faisant découvrir une femme Chanel néo-bourgeoise très rock’n’roll avec ses sur-jupes nouées telles des tabliers. On est dans la superposition et dans la longueur, dans la veste officier et l’influence tayloring, on est dans le froufrou et la féminité, assurément. Car Chanel, à la frontière de toutes ces griffes, a vraiment su me surprendre sur ce coup. 3

Chanel

On l’a donc vu chez Chanel, mais plus généralement, pour l’hiver 2015-2016, la française regorge de féminité toute en frivolités. Des froufrous, en veux-tu en voilà… jouant ici entre voileries accumulées, tulles froncés, dentelles, et jeux de transparences -contrastants avec la lourdeur des velours et fourrures, inconditionnels de l’hiver. Les cols sont hauts et travaillés, avec le grand retour du jabot chez Chloé, col pelle à tarte chez Miu Miu ou encore les cols esprit « fraise » de Paul & Joe, romantique et espiègle. Avec ceci, ajoutons la réapparition des chemisiers à manches gigots chez Louis Vuitton et Givenchy ainsi que des manches pagodes/cloches (sensiblement opposées) chez Céline ou McQueen. Le tout, pour un retour aux années 70 qui ne fait plus dans la demi-mesure!

4Chloé, Isabel Marant, Valentino

Et oui, on commençait à se faire rattraper timidement par ses volumes, ses couleurs et imprimés… mais cette année, l’influence seventies est bien là, et toute en rondeur. Pantalons flares, combinaisons, ou jupes-culottes, chez Céline, Chloé... gros cols roulés chez Chanel (et un peu partout), franges à foison chez Lanvin, grandes poches passepoilées chez Fendi et surpiqûres grossières chez Acne Studio… Côté jupe, si la « midi » –droite ou fendue- a encore de beaux jours devant elle, sa concurrente directe, la « mini » babydoll, plissée ou trapèze gagne du terrain. Globalement, on flirt entre l’allure bohème romantique et boyish brute, bien marquée par le retour aux détails de confections. Zip centraux, clous, œillets, jeux des laçages croisés…en soit, le must de l’esprit rétro.

6Dries Van Noten, Paul & Joe, Céline7Isabel Marant, Chloé, Acne Studios

Mais cet élan de nostalgie ne s’arrête pas à la coupe, puisqu’il a également ramené son lot de motifs adorés : des imprimés psyché, kaléidoscopiques, damiers, ou encore d’inspiration bestiale avec des touches reptiles mêlées à la géométrie des inspirations Op Art…notamment chez Fendi, Kenzo, Valentino, ou encore Vivienne Westwood. Imaginez, le tout sur un fond de tonalités fauves –oranges, marrons et gris- typiques des tapisseries 70’s…et nous voilà repeint ! Car côté motif, ce n’est pas fini, on a également le droit aux carreaux écossais chez Marc Jacobs, ou encore au floral incontournable de nos looks bohèmes chez Dries Van Noten notamment. Un match d’imprimés masculin/féminin flirtant avec des toiles irisées sur certains défilés…mais rassurons-nous, le lurex et les épaulettes 80’s se sont concentrés chez Balmain.

5Miu Miu, Chloé, Dries Van Noten

Et puisque nous sommes sur la saison hiver, nos créateurs favoris ne pouvaient éviter la référence aux sports d’hiver et sa part de clins d’œil seventies, toujours. Au menu : des motifs jacquard, comme souvent, chez Isabel Marant, mais surtout : des ensembles en jersey boutonnés et ultra structurés, similaires aux combinaisons de ski des générations passées. Sur ce créneau, on découvre la collection très « première de la classe » de Prada , où le moutarde côtoie le turquoise sans complexe, ou encore Carven, qui confronte aussi ses ensembles structurés à des couleurs franches ponctuelles.

8Prada, Carven x2

On retrouve ainsi l’aspect presque futuriste et géométrique des influences japonaises qui nous surprennent chaque saison. Au programme de ce côté : les coupes à plat dominent encore chez Balenciaga et Fendi, avec des manches trapèze ultra structurées, on continue d’accumuler et de superposer chez Miu Miu et Givenchy, (ou encore Dries Van Noten qui explore la sur-jupe telle une cape, dans le même esprit que Chanel), et les proportions ne cessent d’être repensées chez Stella McCartney, Kenzo, ou encore chez Chloé, avec ses manches trop longues. Aujourd’hui, les volumes se moquent d’êtres équilibrés, on est dans le « tout-large ». A commencer par le combo jupe-midi surplombée d’un top long et structuré pour une allure sportswear que l’on aime tant, notamment chez Valentino.

9Kenzo, Balenciaga, Fendi, Stella McCartney, Valentino

A l’inverse de la forme globale qui semble s’agrandir à n’en plus finir, les accessoires sont restés dans le maxi serré pour l’hiver prochain. Le détail qui tue auquel on ne va pas échapper ? La botte chaussette. Coupée à mi-mollet (Givenchy/Chloé/Loewe) comme les bottes babies ultra sixties que l’on a commencé à pratiquer cet hiver, ou couvrant toute la jambe comme des cuissardes prolongeant la tenue (presque comme des académiques chez Dior), ce qui est sûr, c’est qu’elles laisseront deviner nos jambes de gazelle sous ces grands volumes. Et quitte à galber les extrémités, la mode a également choisi de mouler nos bras sous des maxi gants moulants, chez Prada et Dries Van Noten, à passer sous les manches de nos T-shirt larges comme une seconde peau s’il vous plait !

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 Marc Jacobs, Givenchy, Dior

13Prada, Dries Van Noten, Olympia le Tan

On l’aura compris, l’hiver prochain nous replonge dans nos basiques en alternant rigueur structurée et frivolité romantique. On repense les proportions, on joue sur les détails symboliques, et on n’hésite pas à oser les volumes là où on ne les avait jamais exploré. Mais no panic, que l’on soit adepte ou non, il nous reste un petit peu de temps pour adopter ce qui nous conviendra le mieux ! A vos réinterprétations 😉

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Un bleu sinon rien

C’est le premier jour de la Fashion Week ! Pas question de faiblir en matière de mode !

Aujourd’hui, une nouvelle obsession me taraude. M’offrir une combinaison. Et pas n’importe laquelle. Un bleu de travail ! Idée un peu saugrenue ? Pas tant que ça, si on ramène ce que cette pièce si forte peut rendre portée au quotidien.

Parce que cette lubie n’est pas nouvelle, elle a eu le temps de mûrir depuis la saison dernière, lorsque j’ai vu débarquer Ilaria Casati -mon ex boss du ELLE- en combinaison Marc Jacobs. Imaginez, fin de l’été, fraîcheur doucement revenue, un look de demi-saison idéal… Une espèce de perfection à la fois brute, pas trop large, mais assez pour laisser penser à une silhouette désinvolte, un col tailleur fin et structuré, une série de boutons centrale raffinée…

Le juste milieu entre le vintage qui a vu renaître la combi et la salopette, la tendance denim qui va nous envahir cet été, le côté sur-français patriotique et pratique de l’uniforme que je recherche souvent à développer et la beauté minimaliste de ce bleu indigo profond. Une dégaine hyper masculine que l’on va s’amuser à contraster en la portant tout comme il faut.

bleu de travail

Avec la combi intégrale de type bleu de travail, il faut jouer la féminité (in)volontaire… La pièce se suffit à elle-même, alors on mise sur l’épure et le naturel. Pour moi, ce serai une chemise délicate, de préférence à motif, que l’on prendrait soin de laisser dépasser des manches de la combi retroussées. Pour le bas de jambe, même processus, on n’hésite pas à roulotter le pantalon pour laisser deviner la cheville sur une paire de tennis, relativement épaisses pour répondre aux volumes ou une paire de sandales à talons pour jouer le contraste. Trois boutons défaits pour dégager le décolleté, une ceinture improvisée avec une lanière de cuir négligemment nouée, ou un carré de soie réinterprété, et le tour est joué pour une allure nouvelle, méga sexy.

Aujourd’hui, je crois que je suis prête, et même un peu trop. Après avoir mené ma petite enquête et trouvé un exemplaire du même genre chez Bel Air, je me suis finalement résignée à me la faire moi-même cette combi. Non non, pas de A à Z…mais pourquoi pas aller shoper un ancien bleu de travail pour le retravailler ? On réajuste, on redessine l’encolure…Allez, pari lancé. Affaire à suivre. Par ici >>

ps: si on ne trouve pas la fameuse toile bleue comme terrain de jeu, on peut aussi miser sur une intégrale en jean qui fera son petit effet !

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Éléonore Toulin, le nouveau top Chanel adorée par Jacquemus

À 23 ans, Éléonore Toulin est devenue mannequin Chanel du jour au lendemain. Sur le défilé de Karl à Salzburg la semaine dernière, sur le shooting Zara ce week-end… Être la meilleure copine de Simon Porte Jacquemus, ça aide aussi. Retour sur ce personnage haut en naturel.

Rendez-vous à Oberkampf, il est 17h36. Il fait déjà nuit lorsqu’une fraîcheur toute naturelle vous tombe dessus. Une voix grave, un manteau bleu électrique, une effluve de musc blanc mêlé à de la fleur d’oranger… c’est Éléonore Toulin, impressionnante et spontanée. Plus connue sous l’appellation de Léo Depp, savant mélange de son surnom et du nom de Johnny –oui oui, la jeunesse ça vous marque- la it-girl qu’elle est devenue cultive sa part de mystère. Et pourtant, du haut de son mètre soixante-dix-huit, le mannequin ne se prédestinait pas à une telle carrière. « J’ai presque honte de dire ça aujourd’hui » raconte-t-elle avec étonnement.

eleonore-toulin

Née d’un père français architecte restaurateur et d’une mère américaine décoratrice d’intérieur, Éléonore grandit dans le monde de l’art –très fifties- entre Saint-Cloud, Londres et Fontainebleau. Si son immense curiosité la pousse à vouloir toucher à tout dès toute petite : sage-femme, « j’avais un carnet où je dessinais plein de femmes enceintes, la folle ! » , vétérinaire, puis actrice… C’est à 14 ans que la jeune fille a le déclic. Son père lui met un appareil photo entre les mains, et c’est parti. La passion pour l’image grandit, elle en fera son métier.

Après une adolescence quelque peu mouvementée entre un passage éclair en internat « chez les bonnes sœurs », et une escapade de six mois à New York chez sa tante adorée après son bac, la jeune fille se rend compte que le rêve américain doit s’achever pour prendre sa vie en main. De ces expériences, elle gardera une extrême agilité pour danser le rock –les rallyes de l’internat, ça forme !- et une étoile tatouée sur le bras gauche. En reprenant ses études dans la photo en 2009, l’artiste en herbe fait la connaissance du photographe Thierry Bouët, qu’elle assistera durant deux ans et deux projets, pendant et au sortir de son école. Production, direction artistique… Elle s’inspire de ses mentors que sont Newton et Lindbergh, ou des films de Wes Anderson, pour saisir des compositions de mode rétro et authentiques.

Nouveau virage en 2011, l’année où Éléonore est contactée via les réseaux sociaux par un jeune créateur de 20 ans dont tout le milieu parisien de la mode parle : Simon Porte Jacquemus. Ce dernier souhaite qu’elle figure dans la campagne de « L’Usine », l’une de ses premières collections. Suivant le mouvement d’enthousiasme autour de la griffe française, la belle s’est naturellement greffée au microcosme rétro et trendy gravitant autour du Marseillais, –notamment aux côtés d’une autre it-girl, Jeanne Damas. Au fil du temps, ils deviennent inséparables. « Cet été, on passait les vacances ensemble, celles de Noël on les passera ensemble… Et ce soir encore, on sera ensemble autour d’un tajine pour fêter mon nouvel appartement ! […] Avec Simon c’est toujours la folie, quand on ne danse pas sur du disco, je suis sa poupée, il m’habille. L’autre jour, il me demande « Tu veux être quelle fille ? France Gall ? » » (rires).

Sans jamais perdre de vue son objectif, le jeune mannequin est poussée par son ami à intégrer une agence. En mai dernier, le destin s’accelère. Éléonore fait la connaissance d’Arnaud Valois, agent dans la prestigieuse agence de mannequins, Ford Models Paris. Un vrai coup de foudre. Ce dernier l’embauche et devient aussitôt son chaperon. « Un mois après, je défilais pour Chanel », souligne la modèle, encore stupéfaite. Sans cacher son intimidation, Éléonore a su imposer une personnalité en béton et un physique naturel. Elle raconte : « Le plus stressant, ce n’était pas le défilé, mais la rencontre avec Karl Lagerfeld lors du fitting. C’est la personne la plus impressionnante que j’ai rencontrée jusque-là. Et le plus extraordinaire, c’est qu’il se souvenait de moi, mannequin pour Jacquemus au prix LVMH trois mois avant : « Oh c’est Éléonore, je l’adore ! » s’est-il exclamé ». Depuis, son quotidien est rythmé par les shootings et fittings pour des magazines ou des marques tels que JalouseZaraChloé… ou encore la jeune marque française Sézane, pour qui elle est égérie depuis un an.

Un secret beauté ? Pas vraiment… si ce n’est l’application de sa lotion Bioderma et d’une crème hydratante sur le visage après la douche, sa crème pour le corps Dyptique le soir, et une brume de Thé des Vignes de Caudalie. Soit, un naturel brut indétrônable mettant en valeur ses grains de beauté et tatouages divers. L’étoile, certe, mais aussi des caractères de l’alphabet runique, et un ananas choisi par Simon lors de leurs dernières vacances à Ibiza. Côté look, la jeune femme arbore le plus souvent un jean noir, de grandes chemises d’homme, ses boots Acne… et sa pièce fétiche : un long trench en daim marron. « Je me rends régulièrement dans des boutiques vintage. Il y a deux semaines, j’y ai encore trouvé un trench en daim doublé de fourrure, il est dingue ». Une approche de la mode pour le moins en contraste avec le monde avec lequel elle flirte depuis quelques temps…

Et si « Léo » trouve encore ce brusque revirement de situation surprenant, elle compte bien s’investir à 100% dans sa nouvelle profession. « C’est un énorme changement dans ma vie, ce n’est pas facile, mais je ne saisis que le meilleur. On rencontre des gens incroyables, on voyage… ». Et après ? La belle nous confie qu’elle espère grâce à cela pouvoir revenir à ses premiers amours :  la photographie, et pourquoi pas envisager par la suite de travailler dans la direction artistique. En attendant, on va tâcher de profiter encore un peu d’admirer cette jolie girl next door sur les podiums…

Article rédigé pour le Madame Figaro.fr

Décryptages mode

Christine Phung : la montée en puissance d’une créatrice avant-gardiste

Un air à la CocoRosie, une spontanéité naturelle, teintée de timidité… mais surtout, une soif de création incessante. Voilà l’état d’esprit de Christine Phung. Un nom qui résume son histoire et reste le point de départ de son inspiration. C’est en effet du Cambodge que vient ce nom, tombé du ciel pour sauver son père du conflit avec les Khmers rouges en 1974. Ce dernier a offert son identité à son frère convoqué par l’armée, et pris en retour le nom d’un voisin décédé. Et Phung reprit ainsi vie, comme renaissant de ses cendres. Ce n’est pas un hasard puisque phung signifie « phénix »… Christine, elle, est née en France et n’a jamais cessé d’explorer ses racines. Elle a toujours pensé de manière identitaire son envie de composer avec le textile. « Quand tu pars, tu abandonnes tout, sauf les vêtements que tu portes. Ils sont une réelle interface entre soi et les autres, à la fois protection et représentation », explique-t-elle. Un questionnement fondamental dans ses créations, au côté de ses souvenirs d’enfance auprès de sa mère, infirmière chirurgicale. « Elle me racontait toujours qu’elle recousait des gens en petits morceaux… Je pense que c’est de là qu’est venue ma fascination pour le patchwork », dit-elle avec humour.

Christine Phung

Mais à l’époque, l’orientation n’est pas si claire. Les mises en garde d’une tante, évoluant justement dans le milieu de la mode, la poussent d’abord vers les Beaux-Arts, avant de se rendre à l’évidence : elle veut faire de l’art, appliqué à la réalité. Et qu’est-ce qui allie le travail de l’espace, du corps, du motif, la communication et la production industrielle ? Le stylisme bien sûr. « Tu peux à la fois avoir les pieds sur terre et la tête complètement dans les étoiles dans cette voie », explique-t-elle. À partir de ce moment-là, Christine n’en démord plus. C’est aux côtés des créateurs Alexandre Mattiussi (AMI) et Guillaume Henry qu’elle fait ses classes à Duperré, avant d’intégrer la session pilote de création à l’Institut français de la mode.

À 24 ans, un sondage « débile » comme elle dit aujourd’hui signe la suite de son parcours : « Si les femmes ne se lancent pas dans leur entreprise personnelle entre 24 et 34 ans, après c’est quasi impossible ». KenzoSonia RykielChristophe Lemaire, See by Chloé,Vanessa BrunoLacoste, Rossignol ou encore Baby Dior la formeront dès lors durant huit années. Assez d’expérience acquise et ses 34 ans approchant, c’est en 2011 que Christine Phung lance sa marque de prêt-à-porter.

Bête de concoursAndam

Soirée de remise des prix de l’Andam. Christine Phung, gagnante du Prix des premières collections, aux côtés de Renzo Rosso, président du groupe Only the Brave, Nathalie Dufour, consultante en Management chez Higher Ailleurs et Alexandre Mattiussi, créateur de la marque AMI. 

Pour sa première collection, la créatrice s’inspirait des profondeurs d’une mine de diamants rouges. Elle sortit la tête le temps de découvrir le Mango Fashion Awards. Premier concours d’une longue série l’ayant menée au sommet. Sa stratégie ? Se lancer dans une collection pour un concours, le gagner pour pouvoir la terminer et la proposer à un autre concours. Grâce à la bourse obtenue, Christine Phung réussit à se développer : un local de 12m², dix mannequins Stockman et deux assistantes. Une fois la collection terminée, elle la présente au Grand Prix de la Ville de Paris qu’elle remporte, et découvre l’existence du salon Designer Apartment. Une opportunité qui l’amènera à rencontrer ses premiers acheteurs potentiels. Un vrai « déclic ». Christine enchaîne sur une troisième collection tout en géométrie, inspirée des champs de culture du Nevada, qu’elle présentera au deuxième salon Designer Apartment, en 2013. Et, comme chez elle, un bonheur n’arrive jamais seul, ce jour-là, l’équipe del’Andam (Association nationale de développement des arts de la mode) est présente et lui conseille de postuler à ce concours. « Et je gagne ! », raconte-t-elle encore extatique. L’événement lui permet d’intégrer le calendrier officiel de la Fashion Week parisienne. Après une cinquième ligne très hivernale, portant sur la sérénité nocturne en montagne, Christine Phung vient de dévoiler sa collection printemps-été 2015. « L’inspiration, c’est une fille qui fait de la bicyclette sur un volcan », tweete le journaliste Loïc Prigent en septembre. Ce n’est pas une blague. Évoquant la fraîcheur de la Dolce Vita et des maillots de cyclistes par un imprimé pois teinté d’un motif volcanique, Christine bouscule une nouvelle fois les codes.

Le pli, le flou et la matière

Pour s’inspirer, au-delà de ses nombreux souvenirs de voyages, la jeune femme puise dans sa fascination pour l’architecture ou le travail de la lumière d’artistes tels queJames Turrell ou Anish Kapoor. Sa démarche de création ? Dénicher ses matières auprès de tisseurs français et particulièrement les plissés auprès de la prestigieuse maison Lognon, travailler ses imprimés, ses patchworks, et enfin établir une silhouette. « Tu fais ta matière, et ensuite c’est elle qui te dit des trucs », précise-t-elle. La créatrice façonne toujours ses tissus de plusieurs manières, explore plusieurs pistes avant de déployer ses idées, à même le buste, par la technique du flou drapé. En découlent des collections féminines « archi-couture », souvent teintées d’esprit sportswear effortless. Avant-gardiste dans sa quête de techniques, on lui a souvent reconnu ses hybridations. Chez Christine Phung, le kimono et le teddy ne cessent d’être questionnés, une parka devient une robe, une écharpe semble être une veste, un motif pixelisé se déforme une fois plissé, et les dentelles se retrouvent injectées de silicone.

Aujourd’hui, à la tête d’une équipe de dix employés dans son atelier de 35 m² du XIe arrondissement de Paris, Christine Phung est consciente d’avoir le vent en poupe et ne compte pas relâcher la pression. Vendue en France (aux Galeries Lafayette,L’Exception, Montaigne Market…), en Russie et en Nouvelle-Calédonie, la créatrice étend son style avec stratégie.

Article rédigé pour le Madame Figaro.fr

Décryptages mode

La mode est-elle féministe ?

On l’a vu récemment sur le podium Chanel, mais cela va plus loin. La mode, depuis le début du XXe siècle, a su accompagner et contribuer à l’évolution de la condition féminine. Mais est-elle féministe pour autant ?

Il y a une semaine, Karl Lagerfeld faisait manifester la femme Chanel dans les rues de Paris reconstituées pour son défilé printemps-été 2015. Au programme, des pancartes revendiquant des propos tels que « Ladies first », « Make fashion, not war », « We can match the machos », « Le genre ne veut pas dire mauvais genre », « sans femmes, pas d’hommes » ou encore « Je ne suis pas en soldes ». Un air de mai 68 remis au goût du jour pour secouer la société jugée « rétrograde » par le créateur. Une occasion de faire passer un message, ou une performance artistique en dehors de la réalité ?

S’il a pu être influencé par les propos féministes de sa mère lorsqu’il était petit – « les hommes, ce n’est pas si important que ça » relate l’AFP-, il s’inscrit dans la ligne d’un Chanel toujours  poussé par un vent de liberté protestataire. En effet, à partir du moment où Coco a investi le vestiaire masculin en 1910 pour rendre le tweed, le jersey, la marinière… mais surtout le pantalon, accessibles à toutes, le féminisme est entré plus concrètement dans l’univers du vêtement.  Les femmes ont ainsi emprunté des pièces masculines « sans se déguiser en homme, mais bien en s’appropriant leur vestiaire», explique Jean-Michel Bertrand, professeur d’histoire de la mode à l’IFM (Institut Français de la mode). Elles revendiquent la liberté de jouer avec les codes pour bousculer l’ordre des choses. Une mode qui libère la femme, lui apporte confort et praticité. Voilà en quoi Gabrielle Chanel pensait révolutionner le quotidien des femmes, sans pour autant avoir un point de vue féministe.

Si la mode a contribué à l’évolution de la situation de la femme en la libérant des corsets incontournables de l’époque pour les fameux pyjamas de ville ou de plage, elle lui a surtout donné le choix de son apparence, rappelle Valérie Taieb, historienne de la mode. S’exposer aux regards grâce aux mini-jupes de Mary Quant en 1962, prendre le contre-pied de la féminité dans les larges tailleurs pantalons d’Yves Saint Laurent en 1967, ou encore afficher sa sensualité dans les mailles près du corps de Sonia Rykiel… « Chanel a donné la liberté aux femmes. Yves Saint Laurent leur a donné le pouvoir » disait Pierre Bergé. Elles ont magnifié leurs personnalités au travers des vêtements, pour elles, et non pour les hommes. Grâce à ce nouveau panel de choix, les femmes ont réussi à s’émanciper. Mais n’oublions pas que la mode a toujours comporté son lot de codes, d’artifices et de stéréotypes. Les canons de beautés ont régis les tendances, avant même que celles-ci se mettent au diapason des conditions socio-culturelles. C’est en filtrant la société par son prisme esthétique et l’invention de sa femme rêvée que la mode a accompagné à sa façon le mouvement féministe.

Mais qu’en est-il du féminisme à présent ? Après ses nombreuses victoires, la forme la plus radicale du féminisme s’est quelque peu éteinte après les années 70, pour mieux revenir ces dernières années. Avec le corps comme moyen d’expression,  les derniers mouvements dit « troisième vague féministe », ont su rebondir pour contrer les inégalités et injustices actuelles (on pense aux Femens et leurs seins nus peinturlurés). Mais la mode n’est pas en reste. Le renouvellement de la marque Céline par la créatrice britannique Pheobe Philo et ses lignes androgynes en 2008, l’allusion à la souffrance des femmes pour être belle d’Alexander McQueen par ses colliers de femme girafe et ses bouches botoxées en 2009, ou encore les performances des danseuses –de toutes tailles, de toutes couleurs de peau- de Rick Owens en 2013. Dernièrement, c’est Karl Lagerfeld qui s’est emparé du sujet avec son défilé propagande. Avec ce simulacre de manifestation pour la femme, aux slogans plutôt « beaux » que profonds, le créateur a semé le malaise. La mode, du luxe, par essence ne serait pas légitime sur des propos aussi idéologiques que le féminisme souligne Jean-Michel Bertrand. En fin de compte, chaque marque doit d’abord suivre sa ligne identitaire et répondre à des questions esthétiques avant de pouvoir « parler pour parler ». Le féminisme, une tendance médiatique ? « Il y a quelque chose d’opportuniste qui est inhérent à la mode. C’est presque indécent mais on s’en fiche car ça se consomme super vite, puis ça s’oublie » pointe l’historienne Valérie Taieb.

En somme, la mode est l’un des meilleurs moyens par lequel une forme de féminisme  (la féminité) a réussi à s’exprimer jusqu’à présent. En contrepartie, la mode elle aussi a su tirer profit de ces engagements forts, pour la femme qu’elle représente. Les wonder woman, les working-girls… les femmes engagées de quelques façons, se sont retrouvées dans ces mouvements et ces inspirations de conquérantes. Et si le féminisme était devenu le nouveau « glam » ?

Article rédigé pour le Madame Figaro.fr

Défilé Chanel printemps été 2015

Décryptages mode

La superposition : la tendance qui va twister nos looks cet hiver

Maîtrisée, la superposition peut donner une allure cool et avant-gardiste à un look. Vue sur les podiums Chanel, Hermès ou Jacquemus, l’accumulation s’annonce comme la tendance de l’automne-hiver 2014-15. Mais comment s’en emparer sans avoir l’air d’un portemanteau ? Faisons le point sur l’intérêt et les limites de cette nouvelle lubie.

Deux maîtres-mots pour s’approprier cette tendance : subtilité et sobriété. Superposer ne signifie pas étaler tous les trésors de sa penderie dans un même look. Dans un premier temps, il s’agit donc de jouer sur des tissus fins, sans trop de volumes, pour eviter l’effet bibendum. Au quotidien, pour sortir ou pour aller travailler, on dit oui à l’incontournable chemise débordant d’un pullover, d’un tee-shirt ou même d’une robe à manches courtes comme chez A.F. Vandevorst. Et puisque le col roulé fait son grand retour cet hiver, on n’hésite pas à lui infliger le même sort ! Pas assez sexy sur vous ? Pas d’inquiétude, la transparence est à la mode également, et se porte au-dessus ou en-dessous sans modération ; à la manière de la robe longue brodée de sequins portée sur une robe courte de Christian Dior.

Si l’on reste frileuse devant les superpositions trop franches, on peut toujours miser sur le chevauchement des accessoires. Pourquoi ne pas jouer sur un foulard ceinturé d’une jolie lanière de cuir sur une robe voilée et réhaussée d’un plaid – très tendance en ce moment –, comme chez Burberry Prorsum ? Toutes les supercheries sont de mise pour questionner et repenser les proportions.

En images : les superpositions repérées sur les podiums

Et on n’hésite pas non plus à changer l’ordre des choses. Pour accueillir les fraîcheurs de l’hiver par exemple, on mise sur un empilement de vestes pour remplacer son gros manteau. La doudoune fine passe sous la veste en cuir (que l’on choisit une taille au-dessus pour être à l’aise) comme chez Alexander Wangou Barbara Bui, et la veste de smoking devient une chemise que l’on ceinture sous une autre veste, à la manière des silhouettes Hermès. Car, oui, bouleverser les codes fait partie du jeu ! Si la superposition gagne sa place de super tendance, c’est aussi pour son caractère ludique qui nous rappelle les faux pas de notre enfance.

Et l’on peut créer à son gré, tant que cela reste modéré. En effet, le all-over de motifs et les volumes XXL, c’est très beau sur les podiums Kenzo, mais peu adaptable dans la vraie vie. Les plus aventurières pourront tenter la jupe ou la robe sur le pantalon, vues sur les défilés JacquemusBalenciaga ou Marc by Marc Jacobs, mais on privilégiera alors des tissus très structurés comme des lainages serrés ou des cuirs ton sur ton ou en camaïeu. À bas les tissus flous et amples qui vous feront retourner directement à vos looks baba cool du lycée. Pour jouer l’avant-gardisme, il faut maîtriser les codes. Une fois qu’on a toutes les cartes en main, plus d’excuse pour ne pas se lancer !

Article rédigé pour le Madame Figaro

Défilé Alexander Wang automne-hiver 2014-15Défilé Alexander Wang, automne-hiver 2014-15.